Extrait du Journal LA VIE ( Lien )
(LAURENCE DESJOYAUX AVEC APIC ET I.MEDIA – CRÉÉ LE 20/01/2015 – MODIFIÉ LE 20/01/2015 À 11H41)
Le pape François est revenu sur divers sujets dans l’avion qui le ramenait des Philippines à Rome. Tour d’horizon.
Contraception et natalité
L’expression a fait sourire : « Certains croient – pardonnez-moi l’expression – que pour être de bons catholiques, on doit être comme des lapins. Non », a tranché le pape. Cette citation s’intègre dans une réflexion sur la natalité et la contraception déjà développée au cours de son voyage aux Philippines. Le 16 janvier, devant les familles réunies dans l’auditorium du Mall of Asia de Manille, François avait en effet mis ses pas dans ceux de Paul VI qui, dans l’encyclique Humanae Vitae, s’était prononcé contre la contraception par des moyens artificiels : « Je pense au bienheureux Paul VI, à un moment où se posait le problème de l’accroissement de la population, il a eu le courage de défendre l’ouverture à la vie dans la famille. Il savait les difficultés qui se trouvent en toute famille, c’est pour cela que, dans son encyclique, il a été si miséricordieux pour les cas particuliers ; et il a demandé aux confesseurs d’être très miséricordieux et compréhensifs avec les cas particuliers. Mais il a regardé au-delà : il a regardé les peuples de la terre, et il a vu cette menace de destruction de la famille par la privation d’enfants. »
Selon I.Média cité par l’agence Apic, le pape a à nouveau évoqué la question de la natalité, rappelant d’abord que « l’ouverture à la vie est condition du sacrement de mariage ». Il a jugé que Paul VI n’avait pas été « fermé », mais un « prophète » qui avait refusé la contraception parce qu’il voyait « le néomalthusianisme en cours », à savoir le taux très bas de fécondité. « Ce néomalthusianisme, a relevé le pape François, cherchait un contrôle des natalités par les puissances.»
« Cela ne veut pas dire que le chrétien doit faire des enfants en série », s’est cependant exclamé le pape François en confiant avoir « reproché » il y a quelques mois à une femme d’être enceinte de son huitième enfant après sept césariennes : « Mais voulez-vous laisser sept orphelins ? ». « C’est tenter Dieu », a souligné le pape.
« La parole-clé que l’Eglise défend est : paternité responsable. Comment se réalise-t-elle ? Par le dialogue. Il existe dans l’Eglise des groupes matrimoniaux, des experts, des pasteurs qui réfléchissent. »
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Retour sur le « coup de poing » et la liberté d’expression
Dans le vol aller, le pape François avait développé sa vision de la liberté d’expression. Une phrase avait marqué les observateurs : « Car il est vrai qu’il ne faut pas réagir violemment, mais si M. Gasbarri [le responsable du voyage en Asie, présent à côté de François alors qu’il parlait – ndlr] qui est un grand ami dit un gros mot sur ma mère, il doit s’attendre à recevoir un coup de poing ! C’est normal… On ne peut pas provoquer, on ne peut pas insulter la foi des autres, on ne peut pas se moquer de la foi ! » Dans l’avion le ramenant vers Rome, le pape a clarifié son propos, expliquant que en théorie, tous sont d’accord pour tendre l’autre joue en cas de provocation, mais que en réalité « nous sommes tous humains ». Et donc une offense répétée peut provoquer une réaction. Le pape appelle ainsi à la prudence. « Je ne peux pas insulter, provoquer continuellement une personne, précise-t-il, car je risque de l’énerver, je risque de
provoquer une réaction injuste. C’est humain. La liberté d’expression doit donc tenir compte de la réalité humaine et doit donc être prudente. »
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Ému par les geste des Philippins
De ses rencontres avec les fidèles philippins, le pape retient « surtout les gestes » qui l’ont ému car ils n’étaient pas protocolaires et étaient l’expression d’un enthousiasme sincère. Ému en voyant un père soulever son fils par-dessous la foule pour qu’il soit béni par le pape, comme s’il voulait dire : « c’est mon trésor, mon avenir, mon amour ». « C’est la
façon de le faire qui m’a touché, le geste de maternité, de paternité, de joie, a témoigné François. Il s’agit d’un peuple qui sait souffrir et qui est capable de se relever et d’aller de l’avant. » Parmi les gestes qui l’ont marqué, ceux des survivants du typhon Haiyan : « Voir tout ce peuple de Dieu prier après cette catastrophe, explique-t-il, m’a fait me sentir comme anéanti, j’en ai presque perdu ma voix. »
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Des voyages en préparation, notamment en Afrique et en Amérique du Sud
« L’idée est d’aller en République centrafricaine et en Ouganda avant la fin de l’année » a expliqué François, précisant que le projet était encore hypothétique. Et d’évoquer aussi le Chili, l’Argentine et l’Uruguay pour l’année suivante. Le Pérou pourrait également être une destination. Le pape a néanmoins exclu de profiter de son déplacement de septembre aux Etats-Unis pour se rendre au Mexique et traverser la frontière. Il a précisé qu’il se rendrait à Philadelphie, New-York et Washington, lors de son voyage américain. Il a exclu la Californie.
Une nouvelle charge contre la corruption
Lors de son voyage aux Philippines, le pape avait dénoncé la corruption et appelé à une conversion continuelle. « Comme beaucoup de voix dans votre nation l’ont souligné, il est maintenant, plus que jamais nécessaire que les dirigeants politiques soient exemplaires en matière d’honnêteté, d’intégrité et d’engagement pour le bien commun », avait-t-il déclaré au président Benigno Aquino le 16 janvier. Dans l’avion, le souverain pontife a à nouveau montré du doigt la corruption, un « mal mondial » qui « fait facilement son nid dans les institutions » et dont les victimes favorites sont les pauvres. Et le pape d’inviter alors à être mendiants, car ils « ont des valeurs que nous n’avons pas. » Il y a « des personnes ou des institutions de l’Eglise qui tombent dans la corruption » a-t-il regretté. « C’est une plaie dans l’Eglise, mais il y a tellement de saints, tellement de saints pécheurs, mais pas corrompus. Pécheurs oui, corrompus jamais ! »
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Le Dalaï-lama et la Chine
François a exclu toute peur de la Chine : le Dalaï-Lama n’a pas été reçu au Vatican car il est « habituel dans le protocole de la Secrétairerie d’Etat de ne pas recevoir de chef d’État ou de ce niveau quand ils sont réunis à Rome pour une rencontre mondiale. » Le Dalaï-Lama était dans la capitale italienne mi-décembre pour une rencontre entre Prix Nobel de la paix.