Nous avions entrepris une action pour le carême entièrement prévue pour aider la maisonnée de St Cyr tenue par le Père Loïc.
Cette action a pu regrouper 554 euro – le Père Loïc nous a adressé cette lettre:
Lettre du Père Loïc pour l’offrande de Carême reçue de la paroisse des cinq clochers pour la maisonnée.
Chers amis
Vous m’avez transmis votre offrande de Carême.
C’est maintenant le temps pascal et nous accueillons le fruit de votre solidarité, dans la joie du Ressuscité !
Toute la maisonnée se joint à moi pour vous remercier.
Nous chercherons à utiliser les dons pour mieux vivre, pour revivre plutôt.
Nous projetons un pèlerinage à Lisieux et une journée au bord de la mer.
Vous avez aussi accueilli Michèle, qui vous a présenté ses petits personnages, comme des santons de Provence.
A elle aussi, vous avez fait bon accueil.
C’est aussi important sous l’aspect du soutient moral, fraternel, que sous l’aspect pécunier.
Michèle vous a peut être expliqué que ces petits personnages sont comme ceux de la maisonnée : des quelques bouts de fils électrique et du chiffon, on n’a rien à en faire, cela n’a pas de valeur, on n’y prête pas attention, on s’en débarrasse, ils nous gênent, cela fait désordre. Pour peu que, comme le Seigneur, on les regarde comme précieux, on les assemble, on les habille, ils deviennent beaux, comme des lumières qui apportent la joie.
C’est l’histoire des petits santons de Michèle, de la maisonnée.Encore un grand merci.
Avec Marie, mère de Jésus, Fr. Loïc, o.ss.t
Cher lecteur, le journal du secteur avait publié des articles sur la maisonnée (N°37 mars,avril 2010), nous les avons publiés sur le site pour vous:
La Maisonnée de St Cyr (Fr. Loïc, o.ss.t.)
Depuis plus de quatre ans, Mgr de Monléon a confié aux frères trinitaires de Cerfroid le presbytère de St Cyr sur Morin pour qu’ils y établissent, selon la tradition de leur ordre, un Hôtel-Dieu, maison d’hôtes ou Dieu est accueilli : « Ce que vous aurez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25,40).
Les frères Loïc et Dominique, ainsi que des laïcs trinitaires, Michèle et Michel, et des amis proches, Pierre et Françoise, constituent la fraternité d’accueil, entourés de nombreux autres, de près ou de plus loin : Marc et Brigitte, Yolande, Patricia, Béatrice, Jean-René, Marcella, les frères de Cerfroid et les sœurs de Jouarre, certains commerçants ! Pourrions-nous vivre sans eux ?
Vivant en maisonnée, nous sommes une dizaine, venant d’horizon divers, progressant et espérant. Souvent sans contact avec une famille, recommandée par un service social, un service médical ou une association, parfois en mauvaise santé, nous trouvons à la maisonnée comme une famille d’accueil, ou il est possible de refaire ses forces. Les blessures se pansent, des perspectives s’ouvrent. Les séjours se prolongent. Certains partent, en crise, puis reviennent, mieux. Le chemin parcouru ensemble a porté des fruits. D’autres s’éloignent définitivement, n’acceptant pas certaines exigences, ou n’appréciant pas les lacunes de notre accueil. Il nous faudrait en effet beaucoup progresser vers une meilleure écoute, une meilleure collaboration avec les services sociaux et médicaux et l’organisation d’activités quasi-thérapeutiques.
La maisonnée est une fraternité trinitaire, engagée, avec la Sainte Trinité, à se libérer de dépendances, La vie fraternelle, en construction, est le chemin de libération. La maisonnée cherche à permettre une évolution. D’abord, il s’agit d’un toit, d’une chaleur accueillante, d’une sécurité, d’un repos. Assez vite, on sent le besoin d’un effort: ne pas gaspiller son RSA mais réserver 3 euros par jour pour assumer sa subsistance; s’abstenir d’alcool; travailler. C’est la durée qui rend l’effort fructueux.
La véritable libération est spirituelle. La vie religieuse de la fraternité trinitaire est manifeste, mais il n’y a pas de sollicitations auprès des accueillis. C’est plutôt par une vie partagée que passe la grâce, un partage des valeurs humaines fondamentales de respect, de vérité, de solidarité. Tous, en maisonnée, ont la même place: à travers chacun passe le Christ. On attend cependant l’ouverture à la foi, à l’espérance, à la charité. Seul le Christ libère.
Fr. Loic, o.ss.t.
Saint Jean de Matha et l’Ordre des Trinitaire (Fr. Loic, o.ss.t.)
L’ordre de la Très Sainte Trinité pour la Rédemption des captifs a été fondé par Saint Jean de Matha en 1198. Né en Provence, maître en théologie à Paris et proche de l’Abbaye de Saint Victor, il cherchait intensément la volonté du Seigneur. Celui-ci lui apparut au cours de l’Eucharistie, occupé à libérer deux captifs. Une mosaïque représente la scène, réalisée à Rome du vivant de notre saint. Jean de Matha se retira alors avec d’autres ermites à Cerfroid, non loin de Meaux. La petite communauté se mit de tout cœur à suivre le Seigneur, dans la pauvreté, l’humilité, la prière, le partage.
On élabora une règle de vie. Les frères en maisonnée devaient réserver le tiers de leurs ressources au rachat des captifs, et partager le reste avec les pauvres. Le pape Innocent III approuva la règle.
Les frères partirent en Afrique du Nord et ramenèrent de nombreux esclaves. Ils portaient une croix rouge et bleue, aperçue lors de l’apparition. Du vivant de Saint Jean de Matha, jusqu’en 1213, une vingtaine de « maison de la Trinité et des captifs » furent ouvertes.
L’ordre se répandit dans toute l’Europe. Des confréries de laïcs se constituèrent pour préparer par la prière, la pénitence et la charité des voyages de rédemption. Tous les deux ou trois ans, quelques frères qualifiés étaient envoyés en ambassade dans les lieux de bagnes.
A travers les difficultés qu’on imagine, ils ramenaient leurs frères en liberté, rachetés par Celui qui dit : « Je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître. » (Jn,15,15) Ils retrouvaient leur vie de fils de Dieu, souvent pris en charge dans les Hôtel-Dieu trinitaires, autour desquels se constituèrent parfois des congrégations féminines, comme à Meaux.
Au XVI ème et XVII ème siècles, Saint Simon de Rojas et Saint Jean-Baptiste de la Conception redonnèrent à l’ordre son élan primitif.
Malheureusement, bien que l’un des captifs de la vision, libéré par le Christ, ait été africain, les Trinitaires n’œuvrèrent pas contre la traite africaine. Les à-coups politiques les affaiblirent. La disparition de leur apostolat traditionnel en méditerranée les amenèrent à se tourner vers les missions : au XIX ème siècle, c’était un apostolat de la marge, comme celui du XIIème. Il s’agissait d’apporter le Christ et sa libération à ceux qui n’étaient pas en mesure de le recevoir.
Aujourd’hui encore, les deux esclaves arrachés des fers, dans la vision de Saint Jean de Matha, représentent les hommes de partout, plongés sans espérance de salut dans de grandes souffrances, atteints dans les profondeurs de leur humanité, mutilés dans leur vocation de fils au point d’en oublier le Père. Les trinitaires, pendant huit cents ans, ont été envoyés au devant d’hommes captifs de situations deshumanisantes. Ils rejoignirent ce que voulait Saint Jean de Matha : faire rencontrer Dieu dans les réalités de mort, qu’il s’agissait de rejoindre pour y lutter d’espérance, comme un pauvre.
On connait Saint Jean de Matha par les données historiques : le contexte religieux et social de son époque (qui est celle aussi de Saint Dominique et de Saint François) ; sa règle primitive, élaborée et soumise au pape Innocent III ; les bulles faisant état de ses fondations sur le pourtour méditerranéen, au contact du monde musulman ; la mosaïque représentant son expérience mystique primitive ; deux récits des premières générations trinitaires relatant son cheminement spirituel et la fondation de l’ordre. Mais, surtout, son charisme est vivant : don de Dieu, il habite et anime les religieux de chaque époque. C’est lui qui fait connaître et comprendre de l’intérieur le prêtre et le religieux que fut Saint Jean de Matha. Bien connu à travers les nombreux voyages de rédemption opérés par ses frères jusqu’à la fin du 18ème siècle (en 1785, encore…), c’est dans la vie des saints de son ordre, religieux, religieuses et laïcs, qu’il nous parle aussi. Au début du 19ème siècle, par exemple, la Bienheureuse Anne-Marie Taïgi, à Rome, mère de famille et mystique, a ramené à la foi et à l’amour son mari et ses enfants. Elle illustre par sa vie la transposition, aux défis du moment, de la communion à la Sainte Trinité, source de rédemption des captifs. A travers la famille spirituelle de Saint Jean de Matha, on perçoit et reçoit aujourd’hui la grâce de la charité rédemptrice trinitaire qu’il reçut en propre.
Le 31 juillet 1665, le cardinal vicaire de Rome rend un décret constatant le culte accordé de temps immémorial à Jean de Matha et à Félix de Valois, sentence confirmée par la Sacrée Congrégation des rites le 14 aout 1666 et par le pape Alexandre VII le 21 octobre. La fête du fondateur de l’Ordre de la Très Sainte Trinité est le 17 décembre, anniversaire de sa mort, à Rome, en 1213. Ses reliques sont vénérées au couvent trinitaire de Salamanque, en Espagne, pays de la réforme de l’ordre, au XVIIème
Siècle, par Saint Jean-Baptiste de la Conception.
Fr. Loic, o.ss.t.