– 20130113 | Célébration du 150ème Anniversaire du P. MARY

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Homélie du Père Christian CLAVE

Frères et sœurs,

C’est le Baptême de Jésus.

Jésus commence sa vie publique par un bain. Oui, le baptême est un bain, une plongée, un engagement. Pour Jésus, c’est un bain de foule avec les pécheurs qui viennent trouver Jean-Baptiste pour changer de vie. Avec eux, Jésus descend dans l’eau du Jourdain, il plonge dans les bas-fonds de l’humanité, dans les eaux usées du cœur pour y apporter la vie de Dieu.

Cette surprenante solidarité de Jésus avec le peuple pécheur annonce ce que sera sa vie : une présence divine dans l’enfer du péché et du mal pour y offrir la guérison de Dieu. Aussi, quand Jésus en prière remonte des eaux, le ciel s’ouvre pour manifester l’Alliance du ciel et de la terre, de Dieu avec l’humanité. L’Esprit Saint descend sur lui sous la forme de la colombe de la paix et la voix du Père proclame que cet homme, au milieu des pécheurs, est son propre Fils : « Aujourd’hui je t’ai engendré ». Et cette eau, marquée de la présence de Jésus, du Père et de l’Esprit n’est plus de l’eau ordinaire, mais de l’eau brûlée du feu de la Trinité.

Mais cette a fête du Baptême de Jésus prend pour nous une résonance particulière en ce jour où nous rappelons la naissance du Père Paul Mary, à la Lande-Patry, dans le bocage normand, il y a cent cinquante ans. A vrai dire, on ne sait pas grand-chose de l’enfance et de la jeunesse de Paul, sinon qu’il était le onzième et le dernier enfant de Jacques et Rose Mary. Jeune, il a appris le métier de son père, tisserand à la main. Ils étaient d’humble condition mais de grande foi.

Trop pauvre pour aller au séminaire, Paul prend l’habit des frères de Tinchebray, une congrégation enseignante, qui comptait des pères et des frères. Lui reçoit l’habit de frère. Mais son désir profond est de devenir prêtre, il restera frère de 1878 à 1884.

Il est ensuite militaire avant de frapper à la porte de l’œuvre des Vocations Tardives ou retardées d’Avranches, dans la baie du mont St Michel. C’est une œuvre récente à l’époque, qui s’adresse à des hommes qui désirent devenir prêtres mais qui n’ont pas fait leurs « humanités » comme on disait, qui n’ont pas étudié la littérature, la philosophie et surtout le latin et le grec. Puis c’est pour lui le cursus normal, petit séminaire, grand séminaire, un séjour en Angleterre et l’ordination sacerdotale à la cathédrale de Meaux , le 24 juin 1890. D’abord curé de Sammeron, pendant un an, il arrive à saint Jean les deux Jumeaux-Changis sur Marne. Mais déjà, dès le début, il pense aux vocations tardives.

Paul Mary est un surdoué, d’une richesse humaine réellement extraordinaire, dans les domaines de l’intelligence, de la charité, des talents de bâtisseur. Qu’allait-il devenir ? La tâche est lourde. Restaurer l’église, le presbytère, fonder un monastère de clarisses, deux écoles, et surtout le séminaire des vocations tardives. Paul Mary a fait un choix qui restera celui de toute sa vie : la ferveur et la radicalité de l’évangile. Il a prié, et l’intelligence lui a été donnée. Il a supplié, et l’esprit de sagesse et d’entreprise est venu sur lui.

Le Père Paul Mary est d’abord un prêtre, puis un bâtisseur.

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En regardant son portrait, les mains jointes, la tête un peu penchée, un sourire discret sur les lèvres, la barette de travers, la soutane, le camail, on imagine bien le prêtre zélé et modeste qu’il était. On le voit, le bréviaire à la main dans les rues de ses paroisses, on l’imagine en prière dans son église qu’il a restaurée avec tant de soin. Dans son allocution, au jour de ses funérailles, Monseigneur Debray, alors évêque de Meaux souligne ce que fut sa vie de prêtre. « pratiquant jusqu’à l’extrême les vertus de renoncement et de pauvreté comme saint François d’Assise dont il était tertiaire ; pratiquant une audacieuse confiance en Dieu à l’égal de saint Jean Bosco (dans sa mission d’éducateur) ; s’abandonnant entre les mains de Dieu « comme un jouet », à l’exemple de la sainte qu’il aima tant, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. »  Parmi ses saints protecteurs, il faut placer en premier, la Vierge Marie à laquelle sa mère l’avait voué dès son enfance. Si bien qu’il reproduisit la grotte de Lourdes dans la propriété de son séminaire et là, nous le voyons le chapelet à la main, méditant les mystères glorieux, joyeux et douloureux du Seigneur en passant par Marie. Cela nous rappelle aujourd’hui que nous avons nous aussi des saints qui peuvent être pour chacun d’entre nous des protecteurs, des modèles. Quand saint Augustin parlait des saints, il concluait toujours : «  ce que celui-ci ou celle-là ont pu faire, pourquoi ne le tenterai-je pas ? » C’est possible, avec la grâce de Dieu.

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Le Père Mary était un bâtisseur. On est impressionné par le patrimoine architectural que le Père laisse comme traces de son passage à Saint Jean les Deux Jumeaux. Je ne parlerai que du Séminaire. Très vite, dès 1913, l’école presbytérale devient trop étroite : «  Il y avait des paillasses au presbytère un peu partout, raconte le P. Mary…. Six dans une chambre et trois ou quatre sous les tuiles du grenier. » Il lui faut construire. En premier la chapelle, Dieu premier servi. Mais comment construire sans argent. C’est alors que le Père inlassablement se fait mendiant. Il rencontre les grands  noms de ce monde : Claudel, Jacques d’Arnoux de l’Echo de Paris, l’abbé Thellier de Poncheville, un grand prédicateur de l’époque, un prince-abbé de Roumanie et tant d’autres…. L’abbé reçoit des dons, et c’est souvent au dernier moment qu’il peut honorer ses dettes de chantier. Il s’efforce de remercier par courrier chacun de ses bienfaiteurs… Sa correspondance est énorme, il assure chacun de sa prière et de celles des bénéficiaires des dons. Sans nul doute, il était confiant au Dieu provident qui comme le mot l’indique « voit pour »…. et nous devance quand nous travaillons pour sa plus grande gloire. Le séminaire a formé plus de huit cents jeunes hommes, certains seront prêtres, d’autres religieux, d’autres laïcs…. Environ 80 seront ordonnés prêtres pour notre diocèse. Je ne rappelle que l’un d’eux, le Père Epagneul, fondateur des frères et sœurs missionnaires des campagnes. Le Père Mary avait écrit : « nous voudrions former nos jeunes gens sur le modèle du Curé d’Ars ! »

Pour ses paroissiens d’aujourd’hui, le Père Mary rappelle qu’il leur faut vivre dans la confiance en un Dieu Provident qui « voit pour » et qui est toujours prêt à les guider, les entrainer sur des chemins proprement divins. Il leur témoigne que Marie et les Saints sont de puissants soutiens et des modèles pour leurs vies de baptisés

Aujourd’hui, en cette fête du baptême de Jésus, nous rappelant notre propre baptême, nous prions pour les vocations sacerdotales et religieuses, sûrs que près de Dieu « la vigilante et affectueuse protection du Père Mary s’exerce efficacement sur nous. »

Amen

 

 

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Bernard Demolon

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