Le père Jean-Pierre DOLLFUS a rejoint le Père.Dans l’espérance de la Résurrection, M. l’abbé Jean-Pierre DOLLFUS s’est endormi dans la paix du Seigneur le dimanche 21 octobre 2018, dans la 92ème année de son âge et la 69ème année de son sacerdoce.Il a été vicaire et aumônier de lycée à Melun de 1950 à 1963, puis aumônier d’action catholique à Meaux de 1963 à 1975, vicaire général de 1963 à 1974, vicaire à Chelles de 1975 à 1982, curé de Provins de 1982 à 1988, curé de Lizy-sur-Ourcq de 1988 à 2001, curé solidaire de Lizy de 2001 à 2002, puis prêtre associé à Jouarre de 2002 à 2018.La messe des obsèques sera présidée par Mgr Jean-Yves NAHMIAS en l’église Saint-Denis-Sainte-Foy de Coulommiers, le jeudi 25 octobre, à 11h00.L’inhumation aura lieu au cimetière ancien de Meaux dans le caveau familial. |
Recueil de textes/témoignages/intentions de prière pour les obsèques de P. Jean-Pierre DOLLFUS
Accueil par Chantal GIRAUD et Gisèle DECOCQ – 25 Octobre 2018 – Eglise Sainte Foy à Coulommiers.
Père,
Il est des personnes qui croisent un jour notre route et qui, sans que l’on s’y attende, prennent une place importante dans notre quotidien. Vous avez tous connu cela ! Et vous auriez certainement les uns et les autres, beaucoup d’anecdotes à raconter, un souvenir plus personnel : une parole, un travail, une recherche, un temps de partage.
« Tu fais encore le métier de curé ? Pourtant tu es déjà beaucoup vieux ! » vous disait une de vos petites nièces. Cela vous faisait rire mais en même temps, vous vous questionniez sur ce métier que les jeunes comprenaient de moins en moins. Vous aviez même le projet d’écrire un nouveau livre sous forme d’interview, centré sur l’Eglise de demain.
En 1988, lorsque vous êtes arrivé à LIZY, nous fûmes d’abord surprises par votre mine sévère. Puis, nous avons découvert votre respect des autres, votre bonté, votre honnêteté et surtout votre humour. Cet humour, on le retrouve en lisant vos livres. Car vous aimiez écrire, qui ne se souvient de vous avoir rencontré avec votre agenda, même lorsque vous avez été hospitalisé et votre stylo mordu allègrement. C’est aussi un des aspects de votre personnalité, notant et mémorisant des informations que vous retrouviez toujours à point nommé.
Avec Gisèle DECOCQ nous voulons rendre grâce pour cette belle collaboration que nous avons vécue avec vous. Gisèle à vos côtés a assuré le rôle d’assistante administrative, de conseillère comptable pour la paroisse et de garde-malade ces derniers temps. Pour ma part, après des années de responsabilité en charge ecclésiale sur Lizy nous avons continué à travailler dans le monde de la santé. Grâce à vous, je connais de belles routes seine-et-marnaises.
Travailler avec vous était un vrai bonheur, de deux idées en jaillissait une troisième qui nous permettait de vivre de belles cérémonies comme créer une liturgie dont une pièce de théâtre jouée par des jeunes était l’élément central. Vous avez accepté de ne jamais reprendre les mêmes idées d’une année sur l’autre et de rechercher l’innovation.
Imprégné de VATICAN II, vous avez toujours su donner aux laïcs leur vraie place de baptisés dans l’Église. Vous avez tranquillement modifié les éléments dans les paroisses CHELLES, PROVINS, LIZY, JOUARRE en tant que curé de paroisse, puis simplement prêtre sans responsabilité de paroisse mais aussi en tant que Vicaire Général bien jeune pour l’époque. Un jour une paroissienne a dit, Le Père Dollfus nous fait avancer sans que l’on s’en rende compte.
C’est ainsi que sur Lizy, vous avez mis en place une E. A. P., des équipes pour les préparations au baptême et au mariage et des équipes pour présider les A. D. A. P. et les enterrements. Votre confiance nous a permis de construire des commentaires d’Évangile et de partager notre point de vue sur des textes évangéliques.
Devant une affirmation énoncée, vous aviez la volonté de la recherche de l’authenticité ; certains croyaient que vous doutiez d’eux, d’autres comprenaient que la vérité était un élément essentiel de votre vie.
C’est votre sens de l’équité qui vous a incité, en tant que vicaire général, à mettre en place la péréquation nécessaire entre prêtres pour éviter la précarité à certains confrères.
Votre grand sens de la famille, votre sensibilité héritée de votre maman, votre sens de la rigueur hérité de votre papa, votre sens du devoir venant de vos deux parents vous ont permis de rencontrer des familles avec une grande bienveillance et d’assurer votre sacerdoce jusqu’au mois d’août. Vous vous sentiez fatigué et vous vous êtes demandé ce qu’il fallait arrêter.
Absorbé par votre ministère, vous vous reprochiez de ne pas être assez disponible pour les membres de votre famille. Cela ne vous a pas empêché de téléphoner fréquemment à vos belles-sœurs et de suivre attentivement les études de vos neveux, petits-neveux et petites nièces.
Lorsque vous rencontriez quelqu’un, vous demandiez immédiatement des nouvelles de la famille, vous pensiez aux difficultés qui vous avaient été confiées. Vous avez su être une vraie présence pour les personnes en Maison de Retraite. Etre un rassembleur, car chrétiens ou non chrétiens, chacun venait vous parler sans gêne.
Vous étiez toujours au faîte de l’actualité et c’était votre source d’inspiration pour les messes et les intentions de prière. Vous avez su être au cœur de la vie, faire partie de différents groupes : LES AMIS DE LA VIE, LA FRATERNITÉ JEAN MARTIN MOYË, PARTENIA 77 et prier avec nos frères protestants dans l’esprit œcuménique.
Nous avons eu tous les trois de grandes discussions sur les nouvelles orientations des familles, sur la loi et votre passion pour l’histoire permettaient des liens concrets resituant les événements les uns par rapport aux autres. Cette passion vous l’avez aussi partagée avec votre neveu Jean-Marc.
Au fil des années « vous vous pensiez vieux ». Que de fois ne l’avez-vous dit, alors même que votre esprit était plus jeune que celui de beaucoup.
Avec Gisèle, nous avons connu le partage, la simplicité des rencontres et la joie de partager votre intelligence. Prophète sur de nombreux points, vous rejoignez vos grands-parents, vos parents, votre frère Michel. Que le Seigneur qui vous accueille fasse rayonner sur nous votre sens de la Mission.
Témoignage de Bernard JARRY, Président de PARTENIA 77
Cher Jean-Pierre,
Je veux te dire aujourd’hui, au nom de notre association Partenia Seine et Marne, un grand et amical merci pour le rôle que tu as joué dans la création puis l’animation de cette association, qui te tenait à cœur, et qui a pour buts (définis dans ses statuts) d’être :
- un lieu privilégié de rencontre, de dialogue et de partage,
- un lieu d’attention aux exclusions de toute nature,
- un lieu de réflexion et de questionnement, de contestation et de proposition,
- un lieu de promotion des pratiques démocratiques dans la société et dans les Eglises.
Ce projet ambitieux mais réaliste, tu nous as aidés à le construire par ton enthousiasme, ta foi, la qualité de ta réflexion, ta délicatesse, et ton amitié. Merci aussi pour ton sympathique humour.
Nous avons pu compter sur ton soutien spirituel dans des domaines tels que le dialogue dans l’Eglise, l’accueil des différences, la reconnaissance et la défense de l’étranger, notamment par ta participation au « Cercle de Silence » de Meaux.
Alors, Jean-Pierre, MERCI et AU REVOIR !
Témoignage du Pasteur JACOB– 25 Octobre 2018 – Eglise Sainte Foy à Coulommiers.
Homélie prononcée par le Père Henri DALLIER – 25 Octobre 2018 – Eglise Sainte Foy à Coulommiers.
« Deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à 2 heures de marche de Jérusalem ».
Voici que Jean-Pierre Dollfus est arrivé, ce dimanche, au bout de ce chemin, qui pour lui n’a pas duré 2 heures, mais 92 ans, dont 68 de sacerdoce.
Combien de rencontres sur ce chemin ? Presqu’autant que d’étoiles dans le ciel ou de grains de sable dans la mer ?
Et combien de ces rencontres lui ont révélé, permis de reconnaître le visage de Jésus qui cheminait avec lui ?
Ce Jésus qu’il a passé sa vie à chercher, à reconnaître, et à servir ?
Combien ?… Vous tous qui êtes là ce matin parce que vous l’avez rencontré, mais aussi tant d’autres qui ne sont pas là, et même ceux qui l’ont peut-être oublié.
L’important n’est pas de se souvenir du prêtre, mais d’être, par son témoignage et son ministère, grandi dans son humanité et dans sa foi.
J’ai rencontre JP pour la 1ère fois quand il est arrivé à Melun il y a 68 ans, sitôt après son ordination. J’avais peu à faire avec lui parce qu’il était chargé des filles (à l’époque on ne connaissait pas encore la mixité !). J’étais en classe primaire, mais je n’ai pas oublié ni sa soutane, ni sa tonsure que son coiffeur entretenait très soigneusement, ni son vélo solex qu’il chevauchait allègrement, toujours droit comme un i, le bras tendu, rigoureusement horizontal, pour indiquer qu’il allait tourner à gauche pour rentrer au 49.
Je me souviens aussi de sa maigreur d’alors : juste après la guerre, au séminaire de Meaux, il n’y avait pas de suralimentation !
Je n’ai pas oublié non plus son humour si particulier qu’il a toujours su préserver. Parlant du séminaire il m’avait appris que si « aux noces de Cana l’eau se change en vin, au séminaire de Meaux le vin se change en eau ». Ce qui, soit dit en passant, ne m’a pas empêché de rejoindre le même séminaire quelques années plus tard…
Je l’ai surtout fréquenté pendant mes années au lycée Jacques Amyot dont il était l’aumônier. Dois-je l’avouer ? Je n’ai pas gardé une mémoire très précise de ces rencontres, mais je mesure que cela n’est sûrement pas resté étranger à une part de ce que je suis aujourd’hui.
En 1975, après 25 ans de ministères variés – vicaire à Melun, aumônier diocésain d’Action Catholique, vicaire général, il a souhaité faire une année de mise à jour de ses connaissances bibliques et théologiques.
Chelles était une des gares de Seine et Marne les plus proches de Paris, avec un train toutes les 10 minutes. Pour aller tous les jours à la Catho de Paris, c’était l’idéal. Il est donc venu rejoindre l’équipe de Chelles, qui était alors ce qu’on appelait « associée à la Mission de France ». C’est là que nous nous sommes retrouvés et avons cohabité pendant un an.
Grand lecteur devant l’éternel, quand nous lui avons demandé de nous raconter ce qu’il vivait dans cette année de recyclage, il est arrivé à notre réunion avec une valise pleine de livres. Mais il ne lisait pas que de la théologie : il était aussi un tintinophile averti !
A part les cours et les livres, pendant cette année, il a d’abord été marqué par l’expérience quotidienne des trains de banlieue. Expérience qui ne se raconte pas, mais qu’il faut vivre dans la durée, en être imprégné jour après jour.
Nommé à la fin de cette année à l’équipe de Chelles, ne vivant plus la proximité humaine des transports parisiens, il a voulu vivre d’autres formes de partage. Dans l’équipe, plusieurs d’entre nous exerçaient une activité professionnelle salariée à temps.
Et voilà Jean-Pierre adoptant rapidement cette démarche commune de l’équipe. Il était pour lui comme pour nous nécessaire de rejoindre les hommes sur leurs propres chemins, et non de vouloir les en détourner pour qu’ils rejoignent les nôtres. La foi doit pouvoir s’exprimer et se célébrer dans toutes les cultures.
Tour de force ? Il a réussi à se faire embaucher à ½ temps comme brancardier de nuit à l’hôpital de Montfermeil, il est vrai avec l’aide d’une religieuse de la communauté des franciscaines de Chelles qui était elle-même infirmière dans cet hôpital.
Entre nous, à 50 ans, quand on n’a encore jamais exercé la moindre activité professionnelle, se retrouver brancardier de nuit dans un hôpital, passez-moi l’expression : « chapeau l’artiste ! »
Dans cet hôpital de banlieue ouvrière il a été bousculé par l’extrême fragilité humaine des malades comme par les rudes conditions de travail des agents hospitaliers, en particulier la nuit.
Quand ce travail est devenu pour lui physiquement trop onéreux, il s’est engagé bénévolement dans une association d’alphabétisation de travailleurs immigrés. Il restait ainsi au plus près de ceux qui connaissent surtout la précarité de la vie.
« Il faisait ainsi route vers un village appelé Emmaüs, à 2 h de marche de Jérusalem ».
Son chemin a encore été bousculé quand Mgr Gaillot a dû quitter le diocèse d’Evreux. Il en a été blessé, se demandant si dans l’Eglise il pouvait y avoir une diversité de paroles. Il en a été blessé, et cette blessure le fera jusqu’au bout participer fidèlement au groupe Partenia 77.
Ce n’était pas le moindre de ses paradoxes que d’être, à la fois, garant et défenseur de l’institution (d’un ancien vicaire général on n’en attend pas moins !), et en même temps un tantinet contestataire… pour ne pas dire plus !
Enfin son chemin d’Emmaüs sera marqué, tout au long de sa vie, par son engagement dans le mouvement œcuménique, un engagement peut-être issu des origines protestantes de sa famille. Dès son ministère à Melun, à l’époque où commençait à se développer le mouvement avec, par exemple, les semaines de l’unité, il s’était fortement investi dans les relations interconfessionnelles. Et il restera là encore, jusqu’au bout, fidèle à cet engagement, toujours heureux de ces rencontres, partages, célébrations communes, qui étaient pour lui de vraies rencontres entre frères.
« Deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à 2 h de marche de Jérusalem ».
Le voilà arrivé au bout de ce chemin de 92 ans.
« Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent. »
Amen
INTENTIONS DE PRIERE MESSE D’A DIEU PERE JEAN PIERRE DOLLFUS – 25 Octobre 2018 – Eglise Sainte Foy à Coulommiers.
Seigneur toi qui connais l’humilité du Père Dollfus, cet homme de foi qui nous a tous guidés à aller dans cette voie ; lui qui nous a tous invités à suivre le Christ avec plus d’énergie, de bonheur et de partage, inspire de nouvelles vocations remplissant leurs fonctions avec bienveillance et ouverture d’esprit.
Seigneur nous te prions.
Seigneur, toi qui as envoyé le Père Dollfus, après des années de responsabilité paroissiale, dans les maisons de retraite pour rayonner de ta présence, toi qui connais son sens du détail, sa profonde honnêteté, fais de nous des artisans de joie, dans nos différents lieux de vie.
Seigneur nous te prions.
Seigneur, toi qui as vu ce prêtre parcourir les routes de Seine et Marne puis les pavés de Jouarre pour être au service de chacun malgré l’âge et la maladie, veille sur les malades, sur ceux qui sont en soins palliatifs, sur ceux qui sont en rémission. Donne leur la force d’avancer au milieu des difficultés et donne la force aux équipes soignantes et aux bénévoles d’accomplir leur travail avec courage.
Seigneur nous te prions.
Seigneur toi qui connais ceux qui ont inspiré le Père Jean Pierre, qui ont fait de lui un prophète, aide nous à répandre ton message pour la paix et l’unité dans le monde.
Seigneur nous te prions.
Seigneur toi qui accueille le Père Jean Pierre aujourd’hui, lui qui rejoint les membres de sa famille qui l’ont précédé, veille sur tous les membres de sa famille présents ou unis par la pensée et la prière.
Seigneur nous te prions.
INTENTIONS DE PRIERE POUR LE PERE JEAN PIERRE DOLLFUS – Abbaye de Jouarre.
Ce soir, en communion avec tous ceux qui ont connu le P. Jean Pierre Dollfus, faisons monter notre prière vers le Seigneur.
R/ Sois béni , ô notre Dieu, prends pitié de nous.
Seigneur, tu sèmes au cœur de tes Pasteurs un zèle apostolique pour annoncer l’Evangile,
Fais porter du fruit au long ministère du P. Dollfus et suscite à Jouarre une communauté de disciples missionnaires.
Seigneur, tu nous appelles à travailler à l’unité de l’Eglise,
Soutiens le dialogue œcuménique auquel participait le P. Dollfus et ouvre des chemins de communion entre les chrétiens de diverses confessions dans notre région.
Seigneur, tu nous demandes d’aimer et de servir les pauvres, les malades,
Réconforte les résidents des maisons de retraite du secteur pour qui le P. Dollfus a célébré l’Eucharistie jusqu’au bout de ses forces.
Seigneur, tu mets en nous l’espérance de vivre avec toi pour toujours
Accueille près de toi le P. Dollfus avec tous les prêtres défunts du diocèse, qu’ils chantent ta gloire à jamais.
Oraison
Seigneur, notre part d’héritage, donne-nous de ne chercher qu’en toi notre bonheur et d’attendre avec confiance, au-delà de la nuit de notre mort, la joie de vivre en ta présence. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. AMEN