Eglise de Changis sur Marne

Eglise dédiée à ste Marie-Madeleine en l’an 1005 par l’évêque de Meaux, saint Gilbert. Eglise à la collation du chapitre cathédral de Meaux.

Restaurée à la fin du XIXe siècle, cette église se distingue par la présence d’un clocheton juste au-dessus du portail principal.

Pendant près de 200 ans, la paroisse de Changis-sur-Marne est intimement liée à celle de Saint-Jean-les-Deux-Jumeaux, et ne possède aucune autonomie vis-à-vis de celle-ci.

Au début du XXe siècle, sous l’influence du Père Mary, la paroisse de Changis-sur-Marne devient réellement autonome et l’église Sainte-Madeleine fait l’objet d’une importante campagne de restauration.

Source :

https://www.retronews.fr/journal/journal-de-seine-et-marne/4-avril-1894 – aimablement transmis par Martine THORAL

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Présentation  par Madame Andrée Lalaut – parution  dans le Trait d’Union n° 17

(http://www.changis-sur-marne.fr/images/stories/pdf/letraitdunion/Trait%20Union%2017.pdf)

Eglise de Changis sur Marne : Sainte Madeleine

Pour la 31ème édition des Journées du Patrimoine, la municipalité de Changis avait décidé d’ouvrir les portes de notre église pour une visite commentée.
Les visiteurs ont reçu de la part de Mme Lalaut des explications sur l’historique, l’architecture, le mobilier et les oeuvres exposées. Pour les malheureux absents, voici ci-dessous une synthèse de cette visite :

L’église actuelle date du XIXème siècle. Elle remplace vraisemblablement une église plus ancienne qui devait se situer près de la ferme du pigeonnier, puisqu’il y a là une rue de l’église.

Par ailleurs, elle possède un calice daté du 15 Avril 1880, qui doit-être celui du jour de sa consécration. Mais surtout, le style néo-roman de cette église, nous conforte dans cette datation. En effet, c’est dans la seconde partie du XIXème siècle que fleurit ce style, faisant suite au néo-gothique. Ces styles « néo » sont apparus avec le romantisme qui redécouvre ces expressions artistiques, après celles de la Renaissance, du Classique et du Baroque. Nous retrouvons ce style néo-roman, en partie, à la basilique du Sacré Coeur de Montmartre, construite à partir de 1873.

Eglise Changis TdU 17Ceci nous amène à donner quelques éléments de la construction romane présents dans notre église de Changis :
La voûte en berceau la caractérise. Elle est faite d’un arc en plein cintre, affectant la forme d’une demicirconférence.
Elle exerce sur la tête des mûrs une poussée continue. Pour la combattre, des contreforts,  massifs de maçonnerie extérieurs sont placés au droit des piliers. Ils sont destinés à renforcer les murs et à neutraliser la poussée des voûtes. On rencontre également la voûte d’arête, qui est formée par la pénétration de deux voûtes en berceau de même diamètre. Son nom vient des arêtes saillantes que forme la pénétration de deux voûtes. La poussée s’exerce sur les quatre points d’appui auxquels aboutissent les arêtes.

Enfin, nous trouvons un élément de décoration : le chapiteau. A Changis ces décorations sont inspirées de la nature: feuilles, glands, fleur de lys. Lui font pendant les clés de voûte.

Hormis les éléments habituels du mobilier d’église nous nous attarderons sur l’autel qui est de style baroque. Il a la
forme d’un tombeau. En bas est sculpté un très bel oiseau doré symbolisant le Saint –Esprit. En haut, de part et d’autre du tabernacle, nous pouvons admirer des sculptures : tout d’abord celle du pélican qui donne sa vie pour ses petits, puis une croix entourée d’un serpent pour montrer que Jésus, le Nouvel Adam, est mort pour racheter les hommes de leurs péchés, le premier péché ayant été commis par Adam qui s’est laissé tenter par Satan, prenant la forme d’un reptile.

Le tabernacle est entouré de colonnes torses. Il est décidé par Saint Pierre portant les clés du royaume des cieux, tandis que Saint Paul montre le glaive par lequel il trouve la mort. Mais le plus curieux de cette décoration est la peinture de la porte du tabernacle. Elle représente le Christ avec la couronne d’épines, derrière des barreaux. Pour comprendre sa signification, il faut se reporter au Jeudi Saint, jour où le seigneur, après avoir institué l’eucharistie annonce sa passion à ses disciples. Il leur donne son corps mystique en nourriture, sous l’apparence de pain et il appelle les croyants, qui le contemplent derrière ces barreaux à se nourrir de ce pain eucharistique et à se souvenir qu’il a donné sa vie pour les sauver et leur faire partager le bonheur du Ciel. Cette peinture symbolique est très finement réalisée et très touchante.

Au-dessus de l’entrée de l’église se trouve un très beau tableau du XIVème siècle représentant Sainte Madeleine. Elle est peinte dans un paysage réaliste ou les éléments de la nature sont représentés avec minutie. Madeleine, la pécheresse convertie, se dépouille de ses bijoux qui ne lui servent plus à rien pour suivre le Christ. Il y a derrière elle, un crâne, qui symbolise sa méditation sur la mort, passage obligé pour l’accession à la vie éternelle. Deux vases à parfum sont à ses pieds pour traduire deux moments importants de sa vie : le premier où elle verse du parfum sur les pieds du Seigneur pour les lui laver, alors que ce geste d’hospitalité n’avait pas été accompli par le pharisien qui avait invité Jésus. Puis elle les essuie avec ses cheveux en signe de repentir et d’humilité. C’est pourquoi sa chevelure est représentée comme étant abondante. Le second vase représente le geste d’embaumement qu’elle venait accomplir après la mort du Christ. Ce très beau tableau mériterait d’être davantage regardé avant de sortir de l’église.

L’église a conservé son « banc d’oeuvre », ce qui est assez rare. Il a été mis dans le choeur je l’ai connu à droite dans la nef, des bancs étant placés ailleurs dans cette nef. Là se tenaient au XIXème Siècle les bienfaiteurs de l’église. Ceci nous paraît maintenant insolite, c’était une coutume et il ne faut pas y voir le moindre signe d’orgueil.
Toujours sur le mur de droite se trouve une statue de Sainte Rita (13-XI-1457), Sainte italienne béatifiée en 1627 et canonisée en 1900 par le pape Léon XIII. Elle est invoquée pour intercéder auprès de Dieu, dans des causes désespérées. D’où les deux ex-voto.

Datant environ des années 1960, nous pouvons admirer trois vitraux relatant trois épisodes de la vie de Sainte Madeleine :
D’abord le lavement des pieds de Jésus chez Simon le pharisien puis sa rencontre avec le Christ ressuscité qui se cache sous les traits du jardinier, enfin sa conversion avec cette inscription « ses nombreux péchés lui furent pardonnés parce qu’elle a beaucoup aimé ».

Les statues datent pour la plupart du début du XXème Siècle. De style sulpicien, on peut les retrouver  dans d’autres églises.

Aussi modeste soit-elle notre église de Changis n’en recueille pas moins des oeuvres d’art originales qui mériteraient d’être mieux contemplées lors de nos passages dans ce lieu sacré.

Andrée Lalaut
20 Septembre 2014

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Restaurée à la fin du XIXe siècle, cette église se distingue par la présence d’un clocheton juste au-dessus du portail principal.

Pendant près de 200 ans, la paroisse de Changis-sur-Marne est intimement liée à celle de Saint-Jean-les-Deux-Jumeaux, et ne possède aucune autonomie vis-à-vis de celle-ci.

Au début du XXe siècle, sous l’influence du Père Mary, la paroisse de Changis-sur-Marne devient réellement autonome et l’église Sainte-Madeleine fait l’objet d’une importante campagne de restauration.

Eglise de Changis

Historique Paroisse et église de Changis

(d’après l’article de Michel DUCREUX: « D’hier à aujourd’hui, XIème – XXIème siècle »

paru dans la revue « TRAIT D’UNION », n° 5, publiée par la commune de Changis sur Marne)

Dans le livret : « Historique de Changis sur Marne », écrit en 1973 par Monsieur NEYRAT, maire du village, on peut lire :

« Saint Gilbert, évêque de Meaux, va être sanctifié ; il donne à son chapitre les revenus de Changis qui étaient dévolus à l’Abbaye de Saint Rigomer depuis un siècle et, en 1005, bâtit une église dédiée à Sainte Marie Madeleine »

Eglise de Changis

Donc, en 1005, édification de l’église de Changis, – on disait Changy, en ce temps là – décidée par Saint Gilbert et dédiée à sainte Marie Madeleine. Une chance pour le village car, protégé par l’autorité épiscopale, il sera à l’abri des brigandages et des pillages, s’assurant ainsi la tranquillité bienfaisante de « la paix de Dieu ». Les ravages engendrés au XVIème siècle par les sanglantes guerres de religion, qui opposèrent protestants et catholiques, lui furent épargnés : le chapitre de Meaux, dont Changis dépendait, veillait à maintenir chez ses sujets la fidélité et la soumission à l’Eglise apostolique de Rome.

La révolution de 1789 n’eut pas de conséquences dramatiques pour la paroisse de Changis. Le Curé d’alors, M. Bataille, devint même conseiller général de la commune et resta comme officier d’état civil jusqu’en 1794 date à laquelle lui succéda le « sieur » Goujon. En novembre 1789, l’Assemblée Constituante décréta la nationalisation des biens du clergé : les terres de la commune, n’étant plus la possession du Chapitre de Meaux, furent acquises par les cultivateurs et les citoyens les plus aisés de Changis – ou des communes proches – ce qui entraina une profonde transformation de la sociologie du village.

Le Concordat, signé en 1801 par Bonaparte et le Pape Pie VII, redessina une nouvelle carte des diocèses et des paroisses : nombre de cures furent alors supprimées, entre autres celle de Changis. A partir de 1803, l’église n’eut plus de curé et donc plus de presbytère : les offices religieux furent alors célébrés par le prêtre desservant Saint Jean. Notre église – comme toutes les autres – devenait une chapelle communale, à la charge de la commune, ce qui greva lourdement son maigre budget.

Le 11 février 1883, le Maire de Changis, M. GOUJON Nicolas, au nom du conseil Municipal, « demande à l’administration supérieure, l’érection de l’église en chapelle vicariale » ce qui aurait rendu possible l’institution d’une « fabrique » – organisme de gestion financière paroissiale – pouvant recevoir legs et donations, mais également des « secours » de l’Etat (nous dirions aujourd’hui, subventions). La demande ne dut pas aboutir : le traitement du desservant resta inscrit au budget, sans diminution, et les frais d’entretien de l’église, « sans secours ».

Quelques années plus tard, le principe de laïcité, qui s’imposa avec la République, aboutit en 1905, à la Loi de séparation des églises et de l’Etat. Notre église, en tant que bâtiment, demeurait propriété de la commune, responsable de son entretien. Par contre, le traitement du desservant ne relevait plus de la collectivité publique.

Cette Loi de 1905 est toujours celle qui s’applique de nos jours, un aujourd’hui toujours rythmé par l’appel familier venu du clocher.

Faute de documents, nous ignorons le nom du maître d’ouvrage (l’architecte) et celui du maître d’œuvre. La construction dut être confiée à des maîtres maçons, suffisamment qualifiés pour l’édification d’une église relativement modeste. Il n’est guère possible d’imaginer comment se présentait alors cette église primitive et nous en sommes réduits à des suppositions basées sur les multiples remaniements de la plupart des constructions aussi anciennes.

Sans fondations, l’édifice ne pouvait que manquer de solidité : attaqué par les assauts ravageurs du temps, rongé par les pluies et le gel, fragilisé par les inondations, frappé par la foudre, mal entretenu par le manque récurrent d’argent, il dut subir de profondes blessures, souvent irréparables. Alors, il fallut démolir ici, redresser un mur là, murer telle ouverture, percer telle autre, intervenir sur la charpente, réparer la toiture, modifier les pavements, transformant peu à peu son état d’origine, à tel point que certains écrits situent la construction (ou reconstruction) de l’église au XIIIème siècle. En sorte que ce qui frappe dans l’aspect de l’église actuelle, c’est la disparité des styles d’architecture qui la composent.

A l’extérieur, des contreforts en saillie épaulent les murs en oblique, contrastant avec une façade en maçonnerie, plate et trapézoïdale, surmontée d’un clocher édifié, fait assez rare, à l’aplomb du porche. Cependant, l’ensemble, bien proportionné dans sa construction géométrique simple, ne manque pas d’une élégance rustique et originale.

La porte à double battant de l’entrée s’ouvre sous le porche; à l’appel du clocher franchissons la, pour une visite

Le baptistère, à gauche, abrite les fonds baptismaux, harmonieuse vasque de pierre datant de 1787 que sanctifie une très belle statue ancienne en bois peint, de Saint Jean Baptiste, vêtu d’une peau de mouton et présentant l’agneau biblique, image du saint baptisant le Christ en disant : « Voici l’agneau de Dieu »

Aux murs d’angle, deux plaques rendent hommage aux morts de la guerre 1914-1918[i] et aux bienfaiteurs ayant participé à la restauration de l’église[ii].

 
 

 


[i] MM. Henri FEURTE ; Alfred LEROY ; Marcel OFFROY ; Clovis LAMBERT ; Maurice JAROT

[ii] M. le Comte de ROHANT-CHABOT ; Père Ephreme DIRANI ; M. et Mme OFFROY ; M. et Mme DUCHANGE ; M. et  Mme LAVOCAT ; M. et Mme BACUET et leurs enfants ; M. Jules CHAMP ; M. FERRAND ; Mme DEVILLE ; Mme Veuve PELCERF ; M ; L’Abbé STAUB


Sur la droite, une porte permet l’accès à l’escalier menant au clocher.

Là, se trouve la cloche en bronze qui résonne toujours dans le ciel du village.

Dans le métal sont gravés ces mots : « L’an 1818, sous le règne de Louis XVIII, j’ai été bénie par Mr. Joseph PACOTTE, curé de Changis, été nommée « Marie-Françoise » par Mr. Jean FROMENCOURT, cultivateur, et par Dame Marie-Henriette GERARD, épouse de Mr. François, Rémis CHAUVIN, cultivateur et maire de la commune ; COCHOIS LIEBAUX, fils et Jean-Baptiste BARRAUD, fondeurs. »

Vue d'ensemble depuis l'entrée

Prolongeant le porche, et dirigée rituellement vers le soleil levant, s’étend la nef unique de l’église. Sur les côtés, percés de vitraux banalement colorés de mosaïques de papier transparent, les murs sont rythmés par les quatorze stations d’un chemin de croix, acquis et béni en 1894. Le sol est revêtu d’un modeste carrelage rouge, aussi simple et familier que celui des cuisines et des salles basses des plus anciennes maisons du village. Sur la partie centrale, le pavement, plus artistiquement orné, souligne le passage respectueux vers le saint lieu. La nef, et cela surprend par rapport à l’aspect quelque peu sévère des murs, est couverte par de belles voutes sur croisées d’ogives. Elle dut être reconstruite ou, à tout le moins, remaniée, au cours du XIXème siècle, sous l’influence du mouvement romantique et des restaurations de VIOLET-LE-DUC, s’inspirant de l’architecture gothique des temps passés.

A l’extrémité de la nef, légèrement surélevé de la hauteur d’une marche, le sol du chœur est enrichi d’un pavage raffiné de fleurs stylisées et de motifs géométriques entrecroisés.

Sur une estrade tapissée s’élèvent deux autels. Le premier, sur le devant, en bois peint de couleur claire et au plateau recouvert d’un velours rouge, permet au prêtre officiant de rester tourné vers l’assemblée des fidèles; Le second autel – autrefois maître autel – beaucoup plus ancien, plus imposant également, est fait d’un bois massif et sombre. La partie supérieure juxtapose trois éléments. Au centre, sous un Christ en croix, le tabernacle; de part et d’autre, deux niches sculptées surmontées de hauts chandeliers. Il faut s’approcher de la petite porte du tabernacle, pour distinguer le médaillon circulaire où est peint Jésus Christ, comme protégé – et non emprisonné – par des barreaux noirs : le symbole est clair ! Le fond du chœur est dissimulé par une tenture de velours, évitant la froidure d’un mur nu.

La partie supérieure du chœur est éclairée par trois très beaux vitraux modernes, réalisés en 1952 par Mr. ROCHER dans les ateliers DEGUSSEAU à Orléans. Consacrés à Marie-Madeleine, la sainte patronne de l’église, ces vitraux évoquent trois épisodes de sa vie :

sa rencontre avec Jésus, chez Simon, où elle baigne les pieds du Christ de ses larmes et les essuie à l’aide de ses longs cheveux ;

son agenouillement devant le Christ qu’elle est la première à voir après sa résurrection ;

enfin sa méditation dans la prière, marquant le repentir des fautes de sa vie passée.

Hommages, Remerciements et Références :

  • M. BRISOT, Instituteur à Changis, pour sa monographie de 1869
  • M. NEYRAT, Maire de Changis, pour sa « causerie » de 1973
  • Mme DESHAYES, pour son intervention auprès de l’Evêché de Meaux
  • Mme ENSERGUIEZ, docteur en Histoire de l’Art médiéval, Responsable des archives diocésaines
  • Jean-Pierre ROGALA, pour ses précieux renseignements
  • Michel DUCREUX: « D’hier à aujourd’hui, XIème – XXIème siècle » paru dans la revue « TRAIT D’UNION », n° 5, publiée par la commune de Changis sur Marne

Bernard Demolon

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